❝ un éternel recommencement, dispute - tu te plains - elle revient - réconciliation et re dispute. ❞

Fatiguée. Ce sentiment d’avoir bien fait mais d’être exténuée prenait doucement mon être. Mais aussi bizarre que cela puisse paraitre et bien, j’aimais ce sentiment du travail bien fait, de la fatigue, je m’en sortais. Des galères de mon enfance, je commençais réellement à me sentir utile. Certes aujourd’hui à l’hôpital j’ai passé la journée à nettoyer le vomi et toutes ses choses répugnantes, mais je l’avais fais, fièrement. Je n’étais qu’en première année pour mon externat, les cours étaient plus que crevant, j’avais l’impression de n’être que tout en bas de la chaine alimentaire et encore en bas, j’étais bien positive en disant cela. Mais, c’était cool puis ça me permettait de zapper assez longtemps les questions que je posais sur ma vie personnelle, ce manque cruel de confiance que j’avais sur les hommes, le fait qu’ils ne fassent que passer dans ma vie, qu’aucun n’arrive vraiment à m’aimer moi, entièrement. Donc travailler ? Un excellent exutoire par les temps qui courent. En rentrant du boulot, je m’arrêtais au traiteur chinois afin de prendre de quoi manger tranquillement devant la télé, tout en travaillant mes cours. Je savais que Nicholas n’était pas là de la soirée, il la passait avec Casey. Une soirée en amoureux, je ne voulais pas savoir ce qu’ils comptaient faire, eurk… Les savoir loin de l’appartement était largement suffisant pour moi, les entendre non merci. Puis il fallait en profiter ils étaient dans une semaine sans dispute ou presque. Je n’étais pas grand-chose pour critiquer, mais cette fille ne me revenait pas. En plus de ne pas savoir ce qu’elle veut, elle se satisfaisait de lui faire des crises pour tout. J’avoue que je n’aide pas dans le processus, être discrète et effacée, mais je n’allais pas changer mes habitudes avec lui, parce que monsieur est en couple avec une fille « précieuse. » J’étais mauvaise, j’en avais conscience. Chut. Bon il faisait déjà nuit quand j’entrais la clé dans sa serrure et je filais directement dans la cuisine pour poser mes plats à emporter. Comme souvent quand j’arrivais la première à l’appartement, je nourrissais nos poissons rouges, avant de poser mon Ipod sur son socle, musique à fond. J’enfilais un vieux jogging et mon débardeur après une bonne douche méritée. J’avais encore l’impression de sentir l’hôpital et je me préparais mon plateau repas. Les cheveux attachés en chignon je me sentais plutôt bien avant qu’on ne vienne m’appeler. Je préférais ne pas répondre, c’était surement ma mère. Je m’installais sur le canapé, mon mac d’allumée, prête à travailler… Je travaillais, mes lunettes sur le nez… Persuadée d’être tranquille, chantant comme souvent dans ses moments-là, à tu tête.

ANDY + NICHOLAS
if they say why, why, tell'em that it's human nature

Une soirée en amoureux, voilà qui était une bonne chose. Certes, ça faisait trois ans que j’étais avec Casey mais je ne me lassais pas de passer du temps avec elle. Je faisais bien sûr abstraction de toutes les crises et disputes qu’elle me faisait lorsqu’elle se mettait à parler d’Andy. C’est dingue comment les filles peuvent marquer leur territoire de cette façon. Seulement, Casey avait du mal à comprendre qu’Andy était, en quelque sorte, une partie de moi et qu’il était juste hors de question de la virer de ma vie juste pour lui faire plaisir. Enfin, ça faisait presque une semaine qu’on ne s’était pas pris la tête et ça faisait énormément de bien. Mais bon… J’ai parlé trop vite, évidemment. Il suffit que tout se passe bien pour qu’au final, ça dégénère tellement vite qu’on ne se rend même pas compte de comment ça a dégénéré. J’aimais Casey, c’est vrai… Mais elle était énervante quand elle se mettait à parler d’Andy de cette manière. Je ne le supportais pas et du coup… Je m’emportais. Et comme à chaque fois, ça ruinait notre soirée ou notre moment à tous les deux. Et ce soir, je faisais la même chose que toutes les fois : je rentrais chez moi pour retrouver ma meilleure amie. J’en ai profité pour passer au resto italien me prendre un truc à emporter puisque je n’avais pas mangé. Et je rentrais directement sur le campus. Sur le chemin, j’avais mis de la musique à fond et je chantais ce que j’entendais. J’aimais bien, ça détendait et j’accordais peu d’importance au regard des autres. Du coup, je faisais ce que je voulais, comme bon me semblait. Une fois dans la résidence, je montais à l’étage de l’appartement. Pas besoin de clés, je remarquais que la porte n’était pas fermée à clé : Andy était bel et bien là, c’est cool. J’entrais et, pour montrer que c’était bien moi, je chantais à tue tête.

« Nobody saaaaid it waaaas eaaaaasyyyy… »

Enfin, les oreillettes dans les Oreilles, je ne faisais pas gaffe qu’elle aussi chantait, comme à son habitude quand elle bossait. Je me dirigeais dans la cuisine, toujours en chantant pour y déposer mon sac avant de revenir à l’entrée pour y déposer ma veste. C’est seulement à ce moment là que je retirais ma source de musique de mes oreilles. J’allais donc la rejoindre sur le canapé.

« Je sais que les études sont importantes mais… t’en as pas marre de bosser tout le temps ? »

❝ un éternel recommencement, dispute - tu te plains - elle revient - réconciliation et re dispute. ❞

J'étais à fond dedans, j'aimais cela... C'était passionnant. Il n'y a que très peu de mot pour qualifier tout ce que mes études m'apportaient. J'avais cette impression délicate que je brillais quelque part. La famille, c'était jamais cela l'amour et tout le tralala, non merci. Mais ça je savais faire, je maitrisais, c'était propre et net et je comptais bien briller encore. travailler ne me posait pas de problème pas ce soir. Je fus surprise d'entendre si tôt Nicholas rentrer, déjà ? La soirée ne se finissait vraiment pas comme prévu il faut croire. « Nobody saaaaid it waaaas eaaaaasyyyy… » Il était là, je pouvais reconnaitre entre tous la voix de Nicholas, elle n'était pas comme les autres, où j'avais une plus grande pratique de cette dernière, je ne sais pas mais dans tous les cas, je relevais la tête, afin de le chercher, c'était d'ailleurs bizarre qu'il soit déjà là. Il n'y avait pas trente six milles raison, soit il s'était pris la tête avec Casey, soit... Il s'était pris la tête avec Casey. amusée de l'entendre chanter, je baissais légèrement la musique de mon mac, pour le regarder s'approcher de moi. « Je sais que les études sont importantes mais… t’en as pas marre de bosser tout le temps ? » Ah ah... Je levais les yeux au ciel, sans le quitter des yeux. Monsieur se trouvait vraiment drôle ou quoi ? Je soupirais tout en ajoutant. « T'en a pas marre de te disputer avec Casey ? » C'était facile, certes mais en même temps il me cherchait non ? J'en avais bien l'impression et je préférais rétorquer que de faire ou dire autre chose, je me relevais avant de le prendre dans mes bras, encore, pour le saluer avant d'aller dans la cuisine. « Okay, je te l'accorde, elle était facile celle-là. C'est pas trop grave ? » Je ne pouvais jamais douter, il ne semblait pas détruit par cette dispute. S'en était une ? aucun doute. Mais pourquoi ? Entre les deux j'avais décidé de ne plus comprendre, c'était du genre "je t'aime, je te repousse, mais je t'aime." A peine croyable et complètement incontrôlable. Je me demandais si un jour ils finiront pas s'entendre. Surement le jour où il aura tiré un trait sur moi. Cette idée me mina sur le champ et je préférais ne pas y penser, tourner la tête, rayer de mon esprit cette réalité. Il ne devait pas choisir... Il ne pouvait pas me laisser, merde quoi. Je sortais une bouteille de jus de fruit. « T'en veux ? » Je me mordais ensuite la lèvre.

ANDY + NICHOLAS
if they say why, why, tell'em that it's human nature

J’étais tellement à fond dans ma chanson que je ne faisais pas attention au reste du monde. C’est pour cette raison que lorsque je suis rentré à l’appartement que je partageais avec Andy, je chantais à tue-tête, sans fait attention à elle, ou à ce qu’elle pouvait faire. Une fois dans l’appartement, je prenais le temps de faire une chose à la fois. D’abord poser mon repas dans la cuisine puis me déshabiller pour finalement rejoindre le salon où se trouvait la meilleure des meilleures. Comme je pouvais m’en douter, elle travaillait. Je lui faisais alors la réflexion, en rigolant. Et à son tour elle me répondait avec humour.

« T'en a pas marre de te disputer avec Casey ? »

Ouais bon, pas avec autant d’humour que ça. Mais ça me faisait rire quand même, je ne le prenais pas sérieusement. Enfin, elle se levait pour me prendre dans ses bras malgré tout, ce qui me faisait sourire et je n’hésitais pas à lui déposer un bisou sur la joue. Puis elle se dirigeait dans la cuisine, où je la suivais puisqu’elle commençait à me parler.

« Okay, je te l'accorde, elle était facile celle-là. C'est pas trop grave ? »
« Très facile mais je t’en tiendrai pas rigueur. Bref, toujours la même rengaine. Je sais pas ce qu’elle a contre toi, mais elle se fait des idées si jamais elle pense que je te laisserai tomber pour elle. »

Je lui fis un clin d’œil pour lui faire bien comprendre qu’elle et moi, c’était plus fort que tout. En même temps, c’est vrai. Je lui dois la vie, elle m’a remis sur les rails alors franchement, personne ne peut lui arriver à la cheville. Personne. Pas même Casey.

« T'en veux ? »
« Ouaip, envoie la sauce ! »

Je souriais alors qu’à mon tour, je m’occupais de mon repas italien qui me donnait énormément envie. Faut dire, j’ai un faible pour la bonne gastronomie. On va dire que c’est mon pêché mignon. Alors forcément, quand je sais que j’ai un plat tel que celui là dans ma cuisine, il ne faut pas énormément de temps avant que je saute dessus.

« Au fait, tu veux rentrer sur New York pour les fêtes ? J'y pensais et... je voulais savoir ce que tu en pensais. »