You were given this life because you are strong enough to live it.
Pour bien comprendre Callista-Jane (dites C-J) et d'où elle vient, il faut d'abord vous parler de ses parents et du jour où la demoiselle a été conçue. Prenons d'abord son père. Matthew Walker, 25 ans à l'époque, barman dans une boite de nuit branchée. Ce soir là, cela faisait deux jours qu'il s'était disputé avec son petit ami et qu'ils étaient plus ou moins séparé. Parlons maintenant de Eefie Verhaaren, 23 ans, vendeuse dans une boutique de lingerie. Ce soir là, elle aussi devait accusé le coup d'une violente dispute avec sa petite amie. A première vu, rien ne destinait les deux jeunes gens à se rencontrer. Mais ce soir là, ils se retrouvèrent tous les deux à une soirée organisée par un des amis de Matthew. Chacun noya sa peine de son côté et pour une raison qui leur est bien inconnue, ils se retrouvèrent tous les deux dans une des chambres de la grande maison qui hébergeait la fête. Ils discutèrent, se confièrent l'un à l'autre. Aucun des deux ne pourrait vous dire comment les choses ont dérapé au point qu'ils se retrouvèrent nus dans les bras l'un de l'autre. C'est honteux et mal à l'aise qu'ils décidèrent tout de même de garder contact. Trois semaines passèrent, chacun continuant sa vie mais surtout mettant de l'ordre dans leur histoire sentimentale, recollant les morceaux et oubliant cette terrible nuit. Rien n'aurait pu les préparer à la conversation qu'ils eurent un beau jour...
«
Eefie? ». C'est avec surprise que Matthew venait d'ouvrir la porte sur la jeune néerlandaise qui visiblement n'avait pas l'air tout à fait à l'aise. «
Il faut que je te parle. ». Le jeune homme s'écarta alors de la porte pour laisser entrer Eefie. Il l'invita à s'asseoir dans le salon avant de lui proposer quelque chose à boire. Elle refusa, jouant nerveusement avec la bague qu'elle portait au doigt. Il s'installa alors face à elle, inquiet. «
Qu'est-ce qui se passe? ». Il leur était arrivé de s'envoyer des messages, pour prendre des nouvelles l'un de l'autre, mais c'était la première fois qu'ils se revoyaient de visu depuis cette fameuse nuit. Il fallut quelques minutes à la jeune femme avant de lui répondre. Matthew l'observa alors jouer tantôt avec sa bague, tantôt avec ses cheveux. «
Je suis enceinte. ». Le jeune homme eu alors un mouvement de recule, persuadé qu'il aurait préféré que la néerlandaise garde le silence un peu plus longtemps finalement. Et puis il secoua doucement la tête. «
Qu'est ce que ça a à voir avec moi? ». Il était confus, pourquoi venait-elle lui dire ça à lui ? Après tout, il n'était sûrement pas le seul homme avec qui elle avait couché si ? Non, bien sûr que non. La jeune femme secoua doucement la tête, visiblement agacée. «
Parce que c'est toi le père. ». Il laissa échapper un léger rire nerveux. «
T'es sûre? ». «
Certaine! ». Un silence quelque peu pesant s'installa alors entre les deux jeunes gens. Tous deux avaient réussit à reconstruire leur vie de couple et n'était pas certain de ce que cette grossesse allait apporter. Ou plutôt Matthew ne le savait pas. Eefie en avait déjà parlé avec sa petite amie et en était déjà arrivé à une conclusion. C'était peut être leur seule chance d'avoir un jour un enfant et elles comptaient garder le bébé. Elles avaient juste décidé qu'elles voulaient laissé à Matthew le choix d'être ou non dans la vie de l'enfant. C'est la néerlandaise qui brisa le silence. «
Je vais le garder. Trisha est au courant et on veut cet enfant. Et si tu veux faire partie de sa vie aussi, on en serait ravies. ». L'américain resta interdit un moment, au point même que Eefie cru qu'il allait finir par tomber dans les pommes. Elle ignorait ce qui pouvait passer dans sa tête à ce moment là. Elle resta aussi silencieuse que lui, ne voulant pas le brusquer. Au bout d'un moment, il finit par secouer la tête. «
Je veux faire partie de sa vie. Je veux être son père autant que tu veux être sa mère. ». Ils échangèrent alors un sourire, pas forcément très rassuré face à cette épreuve qu'ils allaient devoir traverser. Matthew lui était déjà en train de penser à comment il allait annoncer ça à son petit ami...
C'est comme ça que huit mois plus tard, dans la salle d'accouchement, il n'y avait pas seulement la mère et le père de l'enfant mais aussi la petite amie de sa mère et le petit ami de son père. Et comme tout enfant qui serait venu au monde dans une famille avec des parents divorcés, C-J passait une semaine chez sa mère et une semaine chez son père. Ils n'avaient rien d'une famille ordinaire mais Callista-Jane n'a jamais manqué d'amour. Et parce que c'est son histoire à elle qui nous intéresse vraiment, nous allons passer aux choses sérieuses maintenant.
+++
«
Hallo prinses ». La petite fille répondit d'un bref signe de la main avant de monter directement dans sa chambre. Eefie reporta alors son attention sur Matthew qui venait déposer leur fille. «
Qu'est-ce qu'elle a aujourd'hui? ». Le jeune homme donna le sac de la petite fille à la néerlandaise. «
Elle s'est battue à l'école, j'ai voulu qu'elle m'en parle, mais elle a refusé. T'auras peut être plus de chance. ». C-J, qui avait quitté sa chambre finalement, se tenait en haut des escaliers et écoutait ses parents silencieuse. Elle regarda son père faire la bise à sa mère avant de partir et se leva rapidement pour retourner dans sa chambre avant que sa mère ne puisse la voir. Elle s'allongea alors sur son lit, les bras croisés sur son torse et une moue boudeuse dessinée sur ses lèvres. La porte de sa chambre ne tarda pas à s'ouvrir pour laisser entrer sa mère. C-J ne bougea pas, alors que Eefie vint s'asseoir à ses côtés. «
Dat is er gebeurd? ». La petite fille fit de nouveau une moue en entendant sa mère parler. Depuis toujours Eefie parlait à sa fille en néerlandais, pensant sincèrement que cela ne serait qu'un bonus pour elle de parler deux langues. Et puis, quand elles rendaient visite à sa famille resté aux Pays-Bas, c'était mieux qu'elle puisse les comprendre. C'était quelque chose que C-J appréciait vraiment. Et puis elle avait parfois l'impression qu'en néerlandais les choses étaient moins pire qu'elles ne l'étaient vraiment. Et puis, elle adorait le parler dans la cours de récréation et que personne ne la comprenne. Elle se redressa un peu. «
Je veux plus retourner dans cette école maman! ». Et dans la voix de la petite fille on pouvait entendre toute la réalité de sa détresse. Sa mère lui prit alors la main, un air sérieux sur le visage. «
Pourquoi ? Racontes moi ce qu'il s'est passé. ». C-J sembla se refermer un peu. Elle espérait que peut être sa mère se contenterait de la faire changer d'école. Mais bien sûr, elle avait voulu une explication. Et C-J savait très que l'usage de l'anglais signifiait qu'elle était sérieuse et inquiète. «
Ils arrêtent pas de dire des choses méchantes sur toi et papa. Parce que vous êtes pas marié et que toi tu est avec Trisha maintenant et papa avec Joshua. Et je l'ai dis à la maîtresse et elle a juste dit que vous auriez dû être plus discret que c'est vôtre faute. Je lui ai dit non et quand ils m'ont embêté encore, je me suis pas laissé faire! ». La petite fille était au bord des larmes après cette confession. Elle refusait de retourner dans cette école où même les adultes se liguaient contre elle et ses parents. Elle refusait de devoir affronter tous les jours les railleries de ses camarades sous prétexte que elle, elle avait deux mamans et deux papas. Sa mère la prit alors dans ses bras avant de la serrer fort contre elle. L'idée de ce que sa fille devait endurer chaque jour lui brisant le cœur. Aucun autres mots ne furent échangé ce jour là, mais C-J ne remit jamais les pieds dans cette école.
«
Il s'appelait Skyler, il était beau comme un dieu et j'ai vraiment cru qu'il m'aimait. ». Callista-Jane marqua une pose en regardant le groupe à qui elle s'adressait. Ou plutôt, le groupe qui était l'écoutait et qui savait exactement par quoi elle était passé. Après des semaines où elle avait refuser de prendre la parole, elle s'ouvrait enfin. «
La première fois qu'il m'a fait prendre de l'ecstasy, j'avais 16 ans et on était à une soirée. Je me suis dit que une fois, ça ne pourrait pas me faire de mal. ». Sauf que cela n'avait pas été qu'une fois. Skyler l'avait entraîné sur une pente dangereuse et elle avait glissée, sombrant avec lui dans la drogue. Elle continuait de parler et le groupe restait silencieux. Elle parla alors de la première fois où il lui avait fait prendre le cocaïne. Elle expliqua combien elle savait au début que c'était mal, mais combien elle aurait fait n'importe quoi pour lui. Les larmes lui montèrent aux yeux alors qu'elle se replongeait dans ses souvenirs. «
Je n'étais plus du tout la même personne. Mes amis ne me reconnaissaient plus, mes parents ne savaient plus comment s'adresser à moi. J'étais devenue une putain d'égoïste qui ne pensait plus qu'à sa prochaine dose. ». Elle qui avait toujours eu une relation privilégiée avec ses parents s'en était éloignée. Pourtant c'était grâce à eux si aujourd'hui elle se tenait là, clean depuis un mois. C'était Trisha qui avait reconnue les signes la première, ayant déjà vu sa meilleure amie sombrer dans la drogue lorsqu'elle était plus jeune. Mais le chemin avait tout de même été long entre le jour où ils l'avaient confronté à son addiction et le jour où elle était venu leur demander de l'aide. «
Un jour, on avait pas d'argent pour acheter notre dose, alors il a proposé que je couche avec le dealeur à la place. C'est là que j'ai compris qu'il m'aimait pas vraiment, que j'étais juste une jolie poupée entre ses mains. Une fille qu'il comptait briser comme il avait été brisé lui aussi. ». Les larmes coulèrent le long de ses joues à mesure qu'elle parlait. Ce jour là, elle était rentré en courant chez sa mère. C'était Trisha qui l'avait entendu pleurer qui était venu la voir et la prendre dans ses bras. Ce soir là, elle passa s première nuit dans un centre de désintoxication. Cela faisait maintenant un mois qu'elle y était. Elle essuya ses larmes du dos de la main. «
Hier, j'ai appris qu'il avait fait une overdose et qu'il ne s'en était pas remis. ». Sa voix se brisa. Elle se sentait coupable. Peut être qu'elle aurait dû l'aider, qu'elle aurait dû lui dire de venir en désintox' avec lui. Au lieux de ça elle l'avait lâchement laissé tombé et il était mort. Elle, elle était vivante, mais elle devrait à jamais vivre avec cette culpabilité. Elle baissa la tête et garda le silence, faisant comprendre qu'elle avait assez parler pour aujourd'hui, qu'elle ne voulait pas en dire plus.
«
Mama? ». Assise à la table de la cuisine, Callista-Jane regardait sa mère qui était en train de repasser. Les grands yeux bleus de la néerlandaise se posèrent alors sur sa fille, accompagné d'un sourire. «
Ja prinses? ». C-J grimaça légèrement, à 21 ans, elle estimait que sa mère devait arrêter de l'appeler princesse. Sa mère comprit très vite ce que cette grimace signifiait à la façon dont elle leva les yeux au ciel. Callista se passa alors une main dans les cheveux en se mordillant la lèvre. Voyant que ce que sa fille avait à lui dire était visiblement important Eefie posa son fer pour venir s'asseoir face à la jeune femme. C-J hésita encore un instant avant de reprendre la parole. «
Comment tu as su que tu étais attirée par les femmes? ». Callista-Jane avait toujours été en mesure de parler de tout avec ses parents. Que cela soit avec sa mère ou son père et même leur conjoint. Seulement, c'était la première fois qu'elle posait cette question. Pour elle, l'homosexualité de ses parents n'avait jamais été un problème. Élevée dans entourée d'amour, elle ne voyait pas en quoi cela changeait quelque chose que son père aime les hommes et sa mère aime les femmes. «
Heu... Je sais pas... En faite, en dehors de ton père j'ai jamais été avec un homme. J'imagine que je l'ai su tout de suite, que c'était évident pour moi... ». Face à la réponse de sa mère, C-J se mordit de nouveau la lèvre, visiblement songeuse. Un sourire se dessina de nouveau sur le visage de sa mère. «
J'imagine que si tu me poses cette question, c'est parce qu'il y a une fille qui te plaît? ». C-J releva alors la tête pour regarder sa mère, rougissant légèrement en plissant le nez. Elle ne s'était jamais posée de question sur sa sexualité avant. Pour la simple et bonne raison qu'elle n'avait eu qu'une histoire sérieuse, que c'était avec un garçon et que cela avait plutôt mal fini. Mais depuis quelques semaines déjà, les choses avaient quelque peu changé pour elle. «
Il y a cette fille, Stacy, dans mon cours de Néerlandais appliqué. On a dû travailler ensemble pour un projet et on s'est rapprochée... Et... Je lui plais, elle me l'a dit... Mais moi je sais pas trop... Je crois qu'elle me plaît, mais je sais pas. ». La jeune femme était vraiment perdue. Il n'était pas question de peur dans cette histoire, si il s'avérait que Stacy lui plaisait vraiment, elle savait qu'elle n'aurait pas peur de vivre cette histoire. Seulement, elle ne savait vraiment pas, peut être simplement parce que c'était la première fois qu'elle ressentait ça pour une femme et que même si elle savait qu'il n'y avait rien de mal à ça, cela n'en restait pas moins déroutant. Sa mère lui prit alors doucement la main, toujours un sourire aux lèvres. «
Prinses, arrêtes de te poser trop de question. Ça sert à rien. Si tu te demandes si elle te plaît, c'est certainement qu'elle te plaît, alors si c'est réciproque, fonces. ». C-J mit quelques secondes pour analyser les paroles de sa mère avant de sourire à son tour et d’acquiescer. Elle se passa de nouveau une main dans les cheveux avant de se lever, de serrer sa mère dans ses bras et monter dans sa chambre téléphoner à Stacy.
«
Callie, qu'est-ce qui t'arrive? ». La jeune femme était arrivée chez son père en pleure. Il l'avait faite entrée et elle était aller s'allonger sur son lit, inconsolable. Cela faisait maintenant une bonne heure qu'il était assis auprès d'elle, inquiet. Elle se redressa un peu pour venir se blottir dans les bras de son père, toujours incapable de parler. Elle lui caressa doucement les cheveux en la berçant, lui offrant le temps qu'il lui fallait pour enfin lui dire ce qu'il se passait. Après cinq bonnes minutes, elle essuya du revers de la main ses larmes. «
J'ai surpris Stacy dans notre lit... Avec une autre femme... ». Le dire à voix haute rendait la situation encore plus réelle et elle fut de nouveau prise de sanglot. Ce soir elle était rentrée bien plus tôt que prévu. A peine avait-elle poussé la porte de l'appartement qu'elle partageait avec sa petite amie qu'elle avait sentit que quelque chose était différent. Sûrement les deux verres de vin rouge sur la table basse du salon, ou encore les deux paires de chaussures qui traînaient. Elle s'était alors tout de suite dirigée vers la chambre, pour y trouver Stacy dans les bras d'une autre. Elle était alors partie en courant, se réfugier chez son père. Celui-ci déposa un baiser sur le haut de son crâne. «
J'ai toujours su qu'elle ne te méritait pas. ». Malgré elle, un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Il était vrai que son père ne l'avait jamais apprécié, même si cela faisait maintenant deux ans qu'elles étaient ensemble. Le sourire disparu bien vite quand elle se rappela la réalité des faits. Les larmes envahirent alors de nouveau ses yeux. «
Mais je l'aime moi papa... Je croyais c'était la femme de ma vie... ». Son père la serra un peu plus contre lui avant de lui frotter l'épaule en signe de réconfort. «
Je sais ma puce... Mais c'est elle qui perd quelque chose de formidable, pas toi... ». C-J passa le reste de la nuit à pleurer dans les bras de son père. Le lendemain, elle retourna à son appartement, récupérant toutes ses affaires pour retourner s'installer chez sa mère (qui vivait plus près du campus que son père). Stacy essaya à plusieurs reprise de la joindre, elle refusa toujours de lui parler.
«
Je suis désolée... Je regardais pas où j'allais et... ». Callista-Jane se contenta de sourire en se baissant pour ramasser les documents qu'elle avait fait tombé quand la jeune femme l'avait percutée. «
Je ne faisais pas trop attention non plus, on est donc toutes les deux fautives. ». Il est vrai, qu'elle avait été tellement concentrée sur la feuille qu'elle essayait de déchiffrer qu'elle n'avait pas vu la jeune femme arriver et n'avait donc pas pu l'éviter non plus. Elle regarda un instant la jeune femme l'aider à ramasser ses documents avant de se relever et de lui sourire. Un sourire un peu béa dont elle ignorait l’existence avant aujourd'hui. Elle fut tout de même capable de prendre la main que la jeune femme lui tendait. «
Je m'appelle Cara. ». «
Callista-Jane, mais tout le monde m'appelle C-J. ». Les deux jeunes femmes échangèrent de nouveau un sourire avant que Cara ne rende à C-J les documents qu'elle avait ramassé pour elle. «
De l'Allemand ? C'est la seule langue que tu étudies? ». L'américano-néerlandaise se passa rapidement une main dans les cheveux avant de reprendre sa pile de document des deux mains. «
Non, du Néerlandais. Et je l'enseigne, je ne l'étudie pas. ». Il y eu de nouveau un échange de sourire avant qu'un silence s'installe entre les deux jeunes femme. Bien qu'il n'était pas si pesant que ça, C-J ne se sentait pas très à l'aise. Par chance, Cara le brisa. «
J'imagine qu'on se recroisera alors. ». Callista resta sur place à regarder la jeune femme s'éloigner. Si elle avait dû croire au coup de foudre, elle aurait certainement dit que c'était ça. Seulement voilà, elle était réaliste et bien consciente que au mieux, c'était un coup de cœur, mais probablement que ce n'était qu'une attirance passagère dû aux magnifique yeux de Cara et à son accent qu'elle n'avait pas reconnu. Seulement, lorsqu'elle vit de nouveau la demoiselle dans son cours, elle commença à se demander si il ne s'agissait pas d'autre chose.