nom entier :: Mary Emma Oberanne + âge :: vingt-trois ans + date et lieu de naissance :: le 3 mars, à Boston + nationalité :: Américaine + origines :: américaine par sa mère, allemande par son père + études/emploi :: diplômée de littérature anglophone, actuellement sans emploi + situation financière :: confortable, mais elle travaille pour qu'elle reste équilibrée + ville d'habitation :: Raleigh + statut amoureux :: célibataire + groupe :: lose yourself + avatar :: Clémence Poésy

"Je n'ai pas vraiment de ville d'origine. Je suis née à Boston, un 3 mars, d'accord - mais à un an j'avais déjà visité le Texas, la France, l'Italie et l'Allemagne. Mes parents étaient de grands voyageurs qui s'étaient fait une petite fortune en éditant des livres d'art. Leur goût sûr, leur grande culture, leur avaient permis de vivre comme dans un rêve. Ils pouvaient travailler de partout dans le monde, en profitaient allègrement - je crois que le plus long séjour qu'ils aient fait à partir de leur mariage est justement à Boston, quatre mois, chez mes grands parents, en attendant ma naissance. Ils avaient probablement hâte, être sédentaire n'était pas de leurs habitudes - en tous cas ma naissance a été une grande fête, un pur instant de bonheur. J'ai pris pour nom Mary, comme ma grand-mère, et ma mère avant elle. Une parfaite famille unie, une famille de rêve même, vous voyez. C'est peut-être parce que nous étions si unis et si heureux que je n'ai jamais souffert de ne pas vraiment avoir de foyer ou d'amis pendant mon enfance. Un mois, un pays, je m'adaptais sans problème aux chambres d'hôtel, aux restaurants, et au paysage toujours changeant au travers de ma fenêtre. Ma maison était dans les livres - j'en avais des tonnes, que nous achetions dans les aéroports juste avant les embarquements, pour ensuite les envoyer par la poste chez ma grand-mère pour stockage. Tout y est passé: la littérature anglaise, américaine, française. J'ai tout dévoré, sur les plages, dans les montagnes, dans les rizières ou au bord des déserts. Aujourd'hui encore quand je les ouvre, je trouve des photos paradisiaques coincées entre deux pages, des grains de sable, des feuilles, un peu de terre - et les souvenirs de pur bonheur me font venir les larmes aux yeux."

"Mon adolescence? Et bien, à ce moment là, mes parents avaient décidé de parcourir l'Europe. Je crois que je peux dire que je suis une jolie fille, et j'ai commencé à plaire aux garçons: j'étais chaque mois la "nouvelle", celle avec les cheveux blonds, le grand sourire, celle qui tentait de parler français ou allemand avec un accent à couper au couteau. J'ai embrassé un garçon pour la première fois à quinze ans sous la tour Eiffel, il s'appelait Matthieu. Puis il y a eu Erik, à Berlin. Puis l'Italie, l'Espagne, l'Angleterre. J'ai aimé des pays plus que des hommes, et j'aimais cette vie sans attache. Je vivais dans un nuage, je dormais dans les avions, j'avais le sentiment de rêver éveillée, perpétuellement. Cette errance me rendait profondément heureuse. Et puis j'ai aimé vraiment, pour la toute première fois. J'avais dix-sept ans, il était beau, il était anglais, il me semblait aussi pur et doux que moi. Nous nous sommes enlacés dans ma chambre d'hôtel, et j'ai perdu ma virginité comme on perd la raison. Je n'étais plus là, j'ai goûté une euphorie plus intense encore que la découverte d'un nouveau paysage, plus intense que la pluie sur le désert, plus intense que de poser le pied là où personne ne l'a fait avant nous. Je n'étais qu'un amour de vacances, je n'avais pas compris. Lui n'avait pas oublié qu'il faudrait se quitter bientôt, qu'il ne fallait pas s'attacher, que ça serait stupide. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, et j'ai déclaré la guerre à l'Angleterre."

"Mes parents m'avaient appelée Emma pour une raison bien précise. Mon père avait, plusieurs fois dans sa vie, dévoré ce vieux livre français, vous savez, Madame Bovary. La Emma de cet ouvrage vivait dans un rêve, s'inventait des romances, s'est empoisonnée pour mourir d'amour. J'ai refusé de suivre sa route, je suis replongée la tête la première dans mes romans. J'ai eu mon diplôme par correspondance, mais avec brio, et j'ai décidé de me "sédentariser" enfin, comme le disait mon père. J'ai commencé à étudier la littérature, anglaise et américaine, la passion de toute une vie en somme, à la Duke University. Raleigh m'ouvrait ses bras - je trouvais cette ville sublime. Accueillante, belle, moderne en même temps, elle était suffisamment vivante pour que je ne m'y ennuie pas, et avait cet avantage rare de ne pas m'étouffer. C'est vrai que cela a été dur, quitter enfin les chambres d'hôtels et les avions pour un petit appartement - mais j'avais suffisamment de confort pour être heureuse, des études qui me passionnaient, et j'allais pour la première fois pouvoir découvrir ce qu'était l'amitié. J'ai été bien accueillie, j'ai été acceptée - on m'a aimée malgré ma candeur, et le fait que j'étais très peu adaptée aux relations humaines. J'ai eu un peu honte au début d'être si entière, si malhabile, si franche et si enfantine. Et puis la vie a suivi son cours, j'ai compris qu'il n'y avait rien de grave, que c'était cela aussi, la vie. Ce n'était pas le même bonheur que les voyages incessants, mais c'était le bonheur aussi.
J'ai eu vingt-deux ans. J'ai empoché mon diplôme de littérature anglophone. J'étais promise à une vie paisible et cotonneuse d'enseignante passionnée, entourée d'amis, et peut-être même promise à rencontrer sous peu l'amour. Et puis un jour j'ai reçu un appel dans un anglais malhabile. Dès les premières salutations de cette voix inconnue, j'ai senti mon coeur rater un battement, et dans mon ventre s'est élevée une douleur atroce. Les mots tombaient pèle-mêle et ne me semblaient avoir aucun sens: avion, crash, océan, monsieur et madame Oberanne, désolé, identification des corps. Ce n'est que lorsque mes yeux ont commencé à pleurer que j'ai compris véritablement que mes parents étaient morts. Leur rêve les avait tués."

"J'ai pris l'avion pour la toute dernière fois. Je me suis tenue de longues minutes durant à côté de deux cercueils jumeaux, entre les photographies de visages souriants, face à tous ces gens qui pleuraient. Je n'en connaissaient pas la moitié, entre les rencontres des derniers voyages et les personnages de leur vie d'avant. Je n'étais plus là. Mon Paradis avait volé en éclat, mon chagrin d'amour me paraissait dérisoire, je comprenais enfin et avec horreur ce que c'était, la douleur. Quand je suis retournée à Raleigh, j'ai vu la pile bancale de cartes postales qui trônait sur ma table basse et j'ai compris que plus jamais, jamais il n'y en aurait de nouvelles. J'ai pleuré jusqu'à n'avoir plus aucune larme, prostrée sur mon lit. Mon décor avait perdu tout son charme, mes projets d'avenir avaient perdu tout leur sens, mes amis tentaient en vain de me rendre le sourire. Je n'étais tout à coup plus une enfant, j'avais grandi étrangement trop vite, trop tôt et trop tard à la fois. Un seul mot résonnait dans ma tête. Orpheline. J'étais orpheline et un avion avait creusé un trou dans mon ventre.
J'ai mis longtemps à me relever. A quitter mon appartement. A faire un pas, puis un autre, dans mon quartier. J'ai mis longtemps à comprendre que le monde continuait à tourner. Que j'étais encore là. Que je n'étais pas dans cet avion. Qu'ils m'avaient laissé leur bonheur incandescent en héritage. Ils avaient vécu leur vie avec une intensité rare, s'étaient battu pour atteindre leurs rêves, et avaient pendant trente ans vécu dans la félicité profonde de ceux qui ont réussi. Mes amis m'ont vue revenir en souriant, même si moi je ne souriais pas encore. J'ai questionné mon coeur et j'ai retrouvé, enfoui dans ma mémoire, mon rêve d'enfant: être à la hauteur de ces écrivains que je dévorais dans les aéroports. Quelque part entre la candeur et la souffrance, j'ai donné un tout nouveau sens à ma vie: écrire, être heureuse, être vivante surtout. Vivante, enfin."

"Raleigh avait été le théâtre de ma douleur. J'y avais les dernières racines qui me restaient. J'allais y réaliser mon rêve, et faire honneur à mes fantômes.

pseudo/prénom :: Tanagra / Jeanne + âge :: 19 ans + région :: Entre le Languedoc-Roussillon et PACA! + connexion :: très régulière, je suis du genre obsessionnelle! + où as-tu connu STH :: Appellez-moi la fouine. Non je l'ai croisé sur Bazzart! + comment le trouves-tu :: Excessivement canon! + scénario ou non :: non :) + dernier mot :: ! Heu... adoptez ma petite Mary + pour le bottin ::

Code:

[b]Clémence Poésy[/b] + Mary E. Oberanne